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Aude LAGARDE maire de Drancy, Source: Aude LAGARDE / Ville de Drancy

Aude Lagarde : Le sommet n’est pas réservé qu’aux hommes

Aude Lagarde : Le sommet n’est pas réservé qu’aux hommes

8 questions à Madame Aude Lagarde, Maire de Drancy et conseillère départementale

Aude Lagarde est maire de Drancy, France depuis 2017. Dans cette conversation, elle parle de sa carrière, de ses priorités politiques et de la voix des femmes en politique.

Mme Lagarde, pourriez-vous dire en bref sur le chemin et défis que vous avez rencontrés avant d'atteindre cette prestigieuse position politique ?

Mon désir de m’engager dans la vie publique a commencé très jeune. Plus précisément, c’est en accompagnant mon grand-père, qui était porte-drapeau, à toutes les cérémonies patriotiques qui étaient organisées dans mon département de l'Aude que j’ai décidé que mon engagement se ferait au bénéfice des autres et de la société.

À 19 ans, j’ai, ainsi, été élue conseillère municipale de mon village situé dans le Sud de la France à Villeneuve-la-Comptal, l'une des plus jeunes élues de France à cette époque. Par la suite, comme de nombreux étudiants, je suis venue à Paris pour poursuivre mes études supérieures à la Sorbonne et je me suis installée dans la ville de Drancy.

En 2001, j’ai rejoint la liste de Jean-Christophe LAGARDE, seul candidat à présenter un vrai projet pour la commune dans laquelle je vivais depuis 3 ans. Défiant tous les pronostics après des décennies de communisme, notre liste a gagné en 2001, et Jean-Christophe LAGARDE a été élu Maire et je suis devenue adjointe au Maire chargée des affaires sociales.

Plus tard, est arrivé ce qui arrive à beaucoup de gens dans le milieu professionnelle, Jean-Christophe et moi sommes tombés amoureux, nous nous sommes mariés et avons eu 4 enfants. J’ai pu voir de près, tant comme Maire-Adjointe que comme épouse, la mission difficile, harassante et exigeante que doit remplir un Maire.

Grâce à cette fonction, j’ai pu développer de nombreux services à destination des retraités, des personnes handicapées et, plus généralement, des plus fragiles qui sont au cœur de mon engagement municipal.

En 2004, j’ai été élue conseillère régionale, puis conseillère départementale en 2015.
Depuis 2017, je suis maire de la Ville de Drancy et candidate à ma réélection en mars 2020.

Pensez-vous qu'être une femme a fait une différence - de façon positive ou négative - dans votre évolution de carrière?

Être une femme en politique en France, même en 2020, n’est évidemment pas facile.
S’il faut reconnaitre que les mentalités progressent de plus en plus, les femmes qui souhaitent s’investir en politique font toujours l’objet d’une multitude de critiques et leur légitimité est sans cesse remise en cause ; les résistances sont tenaces et les procès en incompétence nombreux …

Évoluer dans l’arène politique s’avère être pour les femmes un véritable parcours du combattant. Ainsi, nous devons tous les jours démultiplier les efforts pour prouver que nous avons les compétences requises, que nous savons présider aux destinées de notre ville et que nous sommes légitimes dans nos fonctions.

Tout cela sous une pluie d’attaques sexistes (physique, posture, habits, etc.) que l'on retrouve à foison sur les réseaux sociaux notamment.

Lorsque j’ai été élue maire de Drancy, mes opposants politiques n’ont pas attribué cette élection à mon mérite, ni même à mon travail (alors même que j'étais élue depuis 2001, moi aussi), mais au fait que mon mari avait occupé cette fonction juste avant moi.

En l’espace d’un claquement de doigts, tout le travail que j’avais accompli en tant que maire-adjointe pendant plus d’une décennie avait disparu, seule ma vie privée était jugée. Jamais on n’aurait fait ce procès à un homme!

Pensez-vous que les femmes aujourd'hui sont suffisamment impliquées dans les conversations critiques?

Si des femmes aujourd’hui occupent heureusement certains postes les plus stratégiques du monde (Angela MERKEL, Christine LAGARDE, Nancy PELOSI, Ursula VON DER LEYEN, Mary BARRA, etc.), il n’en demeure pas moins que la majorité des fonctions les plus prestigieuses restent et demeurent occupées par des hommes ; le masculin s’impose partout, surtout au sommet.

Or, je suis persuadée que le monde se porterait largement mieux si les femmes avaient davantage voix au chapitre.

Comment la voix des femmes peut-elle contribuer à résoudre les défis mondiaux ?

Depuis la nuit des temps, le monde est dirigé par les hommes. Et on ne peut pas dire que le résultat soit toujours très heureux !

Les défis mondiaux qui nous font face sont vastes, complexes et interconnectés et ne pourront pas être résolus sans le travail et la voix des femmes, à côté de celles des hommes. Retroussons-nous donc tous les manches et apportons des réponses concrètes, efficaces et durables à ces défis mondiaux !

Parlez-nous un peu plus de la place des femmes dans votre commune : dans quelle mesure exercer une influence sur les politiques locales et quel est leur rôle dans le façonnement de la vie urbaine ?

Au sein de mon équipe municipale, 9 femmes sont adjointes et 6 autres disposent de surcroit d’une délégation.

Parmi les portefeuilles attribués : l’environnement, l’éducation, la culture, l’habitat, la rénovation urbaine, la petite enfance et la plateforme réussite.

Je n'ai pas souhaité cantonner les femmes à des délégations classiquement attribuées aux femmes, car les femmes ne sont pas uniquement aptes à "s'occuper des enfants" mais peuvent aussi avoir un œil technique acéré sur l'Habitat par exemple, ou sur la rénovation complète d'un quartier de Drancy (Gaston Roulaud) que nous avons engagée.

Bien souvent, j'ai pu constater qu'en confiant des dossiers complexes à des femmes, on se rend compte que le sujet sera étudié très en profondeur, sous toutes ses coutures, parfois plus que si on l'avait confié à des hommes.

Et qu'en est-il de la situation des femmes ? Mettez-vous en œuvre des politiques particulières dans faveur de la protection de l'égalité des droits et de la garantie de leur sécurité ?

Que ce soit par mon action ou celle de mon prédécesseur lorsqu’il était maire, nous avons toujours œuvré en faveur des femmes au sein de notre commune. Parmi les actions les plus significatives que nous avons mises en œuvre :

  • Actions en faveur, notamment, des quartiers populaires afin que les femmes puissent se réapproprier l’espace public ;
  • Poursuite de la féminisation des noms de rue ;
  • Création d’un nouveau collège portant le nom d’Aretha FRANKLIN ;
  • Création d’une fresque à la mémoire de Simone VEIL afin de sensibiliser la population à sa vie et à ses combats politiques ;
  • La mise en place d’un plan lumière pour ré-éclairer les rues afin que les habitants, notamment, les femmes se sentent plus en sécurité lorsqu’elles rentrent chez elles ;
  • La mise en place d’un soutien scolaire à destination des jeunes en provenance, notamment, des quartiers défavorisés pour les accompagner vers l’excellence.

Par ailleurs, en tant que Maire et Conseillère départementale de la Seine-Saint-Denis, je me bats pour que tous les commissariats de notre département puissent disposer d’intervenants sociaux. Cela permettrait, entre autres, d’accompagner les femmes lorsqu’elles sont victimes de violences ou d’abus.

Enfin, j’ai pour ambition de développer de nombreuses places en crèche pour que la garde des enfants ne soit plus une contrainte pour les parents et notamment pour les femmes, afin qu’elles puissent travailler et être autonomes.

À quoi ressemble votre journée de travail typique?

En tant que Maire d’une ville de près de 70 000 habitants et mère de 4 enfants, je travaille tous les jours de la semaine, ainsi que les week-ends :

  • Je reçois de très nombreux administrés, les écoute et regarde comment la municipalité peut résoudre leurs problèmes ;
  • Je me rends et participe à de nombreuses manifestations et réunions publiques ;
  • Je rédige et signe de nombreux courriers (des appels d’offres, des contrats de recrutement, etc.)\
  • Je gère de nombreux service quotidiens au service des habitants et dirige une équipe de 1800 collaborateurs ;
  • Je m’occupe aussi de mes enfants que je vais chercher à l’école tous les jours, ou en tout cas le plus souvent possible.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes filles aujourd'hui, désireuses d'embrasser la difficile carrière de politique?

De foncer, tout simplement ! Le monde changera lorsque les femmes auront pris conscience qu’elles sont légitimes, qu'elles n'ont pas besoin de l'aval ou de l'autorisation de tel ou tel homme, mais qu’elles peuvent occuper tous les postes qu’elles désirent.

Le sommet n’est pas réservé qu’aux hommes. Plus les femmes seront nombreuses à occuper des fonctions importantes et plus les mentalités changeront ; ce cercle vertueux existe, j’y contribue avec tant d’autres femmes, venez nous aider à le développer !

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